lundi 27 septembre 2010

L'accès à l'électricité, verrou de la lutte contre la pauvreté

Mots clés : Énergie, Pauvreté, ONU

Entre 1,4 et 2 milliards d'être humains, selon les estimations, n'ont toujours pas l'électricité à la maison ou même dans leur village.

Ce seul chiffre résume bien des discours. Les quelque 800 millions d'habitants de l'Afrique subsaharienne consomment autant d'électricité que les 20 millions de New-Yorkais. La lutte contre la «pauvreté énergétique» doit être replacée au centre des Objectifs du millénaire, a plaidé mardi au siège de l'ONU à New York Nobuo Tanaka, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
En 2000, lors du lancement des Objectifs du millénaire à Johannesburg, «l'énergie n'était pas du tout mentionnée», rappelle au Figaro Fatih Birol, l'économiste en chef de l'AIE. Elle est désormais au cœur des préoccupations. Car, comme le souligne Fatih Birol, sans électricité, l'accès à l'eau potable via des pompes est compromis. Sans électricité, impossible de conserver au frais des médicaments susceptibles de réduire la mortalité infantile. «Vivre sans électricité, c'est réduire son espérance de vie par deux», a déclaré sans nuance Anne Lauvergeon, la présidente d'Areva, la semaine dernière lors du Congrès mondial de l'énergie à Montréal.

Ressources mal réparties

Aujourd'hui encore, de 1,4 à 2 milliards d'être humains, selon les estimations, n'ont pas l'électricité à la maison ou même dans leur village. Environ 85% des «sans-courant» vivent en zone rurale. Dans ces régions reculées, principalement en Afrique mais aussi en Asie du Sud-Est, le modèle de grosses centrales connectées à un réseau électrique national ou régional est obsolète, pointe l'expert en chef de l'AIE.
«Il faut décentraliser la production, avec l'hydraulique, le solaire, l'éolien », poursuit-il, qui deviennent compétitifs surtout lorsqu'on fait l'économie de la construction de coûteuses lignes à haute tension. Ainsi, au Gabon, pays pourtant riche en pétrole, 40% de la population n'ont pas accès au courant. Or, explique au Figaro le ministre gabonais de l'Énergie, Régis Immongault, le potentiel hydroélectrique «gigantesque» de 6000 mégawatts (MW) n'est exploité qu'à 6%.
L'AIE a calculé que, pour fournir de l'électricité à chaque Terrien en 2030, un investissement supplémentaire de 36 milliards de dollars par an est nécessaire. «Si on laisse faire le marché, cela n'arrivera pas», résume Fatih Birol. L'AIE et l'ONU font donc appel à un effort accru de l'aide publique au développement, qui devrait être assortie d'obligations d'investissement de la part des pays récipiendaires.
Car il en va pour l'énergie comme pour toutes les questions de développement, les ressources financières existent mais sont mal réparties et mal distribuées. En témoigne cet exemple cité par Fatih Birol: «Si le Nigeria utilisait seulement 0,4% de ses recettes pétrolières annuelles à cet effet, il pourrait brancher l'ensemble de sa population.»
LIRE AUSSI :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire