lundi 11 octobre 2010

La Banque. Comment Goldman Sachs dirige le monde

La Banque. Comment Goldman Sachs dirige le monde, par Marc Roche
Albin Michel, 2010, 310 p., 19,50 euros.
Dans un film sur la finance, la banque Goldman Sachs tiendrait le rôle du méchant. Normal, juge Marc Roche, elle a la gueule de l'emploi. Dans cette enquête menée au fil des ans entre New York, Bruxelles, Washington et surtout Londres, le correspondant du journal Le Monde à la City détaille chapitre après chapitre les turpitudes de la banque d'affaires américaine.
On entre dans le monde étrange de ces "moines banquiers" qui peuvent aussi bien atteindre leur paradis, devenir l'un des 400 associés de la firme, porte ouverte sur la fortune et la gloire, que finir dans l'enfer de Noël, qui voit jusqu'à 10% du personnel, jugé non performant, mis à la porte chaque année.
Pour réussir chez Goldman, il faut abandonner toute autre forme de vie que son travail, avoir le goût du secret, de la performance et savoir travailler en équipe parce que les renseignements glanés par les uns font les futures commissions gagnées par les autres.
Et les commissions, c'est le moteur de Goldman Sachs. La banque est devenue experte dans l'art de fourguer placements financiers, deals et conseils en tout genre à ses clients. Qu'ils y gagnent ou qu'ils y perdent, Goldman aura touché son chèque. Tout le livre dénonce, exemples à l'appui, l'ambiguïté du comportement de la banque, prête à tout pour accumuler les profits, y compris quand cela doit se faire au détriment de ses clients. Goldman Sachs nage en permanence en plein conflit d'intérêts, assène Marc Roche, jouant des informations acquises auprès des clients pour faire ses propres placements ou bien refilant à certaines banques les fameux produits Abacus, dont le rendement ne tenait qu'à des prix immobiliers montant jusqu'au ciel, pendant qu'elle pariait sur leur chute avec le fonds spéculatif de Henry Paulson. D'où le surnom de "Goldman Sacks", avec le "k" du verbe to sack (piller, mettre à sac).
Avec la crise financière, les pratiques de Goldman Sachs, longtemps restées dans l'ombre, éclatent en pleine lumière. La banque se voit confrontée à des plaintes, des enquêtes et des amendes de la part des régulateurs. 
Son dirigeant, Lloyd Blankfein, un ancien avocat fiscaliste et ex-trader sur métaux, passe sur le gril d'une commission sénatoriale, obligé de reconnaître du bout des lèvres quelques erreurs, avant d'affirmer en public: "Je fais le travail de Dieu"! Un supposé trait d'esprit reçu comme une nouvelle preuve d'arrogance.
Une arrogance d'autant plus insupportable que Goldman Sachs, non contente de s'imposer dans la finance, place systématiquement ses hommes aux postes clés des gouvernements. On connaît la chose pour les Etats-Unis, où le secrétaire au Trésor de George W. Bush, Hank Paulson, était l'ancien PDG de Goldman! Mais les anciens de la banque entourent aussi Tim Geithner, celui d'Obama. L'Europe n'est pas en reste. Certains anciens commissaires européens (Mario Monti, Peter Sutherland), ancien de la Bundesbank (Otmar Issing) et jusqu'à Mario Draghi, actuel gouverneur de la Banque centrale italienne et patron du Conseil de stabilité financière chargé de coordonner les efforts mondiaux de régulation sont des Goldmaniens!
Allez visiter Goldman Sachs. Son histoire, ses liens avec les fonds spéculatifs ou les relations tumultueuses de son PDG avec Obama, pour lequel il a fait campagne avant de dire pis que pendre de ce Président aux velléités de régulation de la finance. Le livre de Marc Roche sera votre guide indispensable.
Christian Chavagneux
Alternatives Economiques n° 295 - octobre 2010 

Mesures pour contrôler les prix et pallier le manque d’électricité – Le Courrier du Vietnam

« Prochainement, le gouvernement devra se pencher sur la prise de mesures synchroniques pour contrôler les prix et remédier à la pénurie d’électricité », a déclaré le Premier ministre Nguyên Tân Dung, lors de la réunion périodique de septembre du gouvernement, tenue le 30 septembre à Hanoi.

Concernant le contrôle des prix, selon M. Dung, il y aura prochainement une conférence nationale destinée à mettre en oeuvre la directive du Premier ministre en la matière, dont la maîtrise de l’inflation. Les prix sont étroitement liés à la politique de gestion monétaire et des crédits. Alors, au dire du chef du gouvernement, il faut maintenir la stabilité du taux d’intérêt de base. « La gestion de la politique monétaire doit être active et flexible au service de la croissance économique », a-t-il indiqué. Et de souligner l’importance d’enrayer la hausse des prix des marchandises de première nécessité, en tête médicaments et produits laitiers. « Ministères, services et localités doivent veiller à stocker suffisamment de marchandises en prévision de la fête du Têt », qui va venir dans 4 mois, a-t-il demandé.
S’agissant de la pénurie d’électricité, le Premier ministre a exhorté ce secteur, notamment le groupe Électricité du Vietnam (EVN), à « prendre des mesures énergiques » pour y pallier. Il importe d’accélérer l’exécution des projets et la mise en service des nouvelles centrales, d’acheter de l’électricité à l’étranger, de réguler rationnellement cette source d’énergie, de l’économiser dans les usines et au sein des ménages…
Continuer à maîtriser l’inflation
Ces 9 premiers mois de l’année, la situation socio-économique nationale a montré une évolution positive. La reprise économique s’est révélée assez rapide. La croissance du PIB a atteint 6,52%, avec une montée en puissance au fil des trimestres (5,83% au 1er, 6,40% au 2e et 7,16% au 3e). L’accroissement de la production industrielle a été supérieur au plan annuel.
Les exportations ont poursuivi leur augmentation, avec une valeur totale estimée à 51,5 milliards de dollars en 9 mois, en hausse de 23,2% en glissement annuel, soit près de 4 fois plus que l’objectif fixé par l’Assemblée nationale (plus de 6%). Treize articles d’exportation ont franchi le seuil d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires, dont prêt-à-porter, pétrole brut, chaussures, produits aquatiques, riz, bois et produits en bois, caoutchouc, café… L’importation excédentaire s’est élevée à environ 8,58 milliards de dollars, soit 16,7% du montant total des exportations. Il s’agit du taux le plus bas de ces dernières années.
Mais ces bons résultats ne doivent pas occulter le fait que l’économie nationale est encore face à de nombreux défis. L’indice des prix à la consommation au cours des 9 premiers mois a augmenté de 8,64% par rapport à la même période de 2009. Le « gel » de certaines grandes économies mondiales a exercé une mauvaise influence sur les exportations nationales. Les entreprises de production et commerciales rencontrent encore des difficultés dans la mobilisation des capitaux en raison des taux d’intérêt élevés des prêts bancaires. La pénurie d’électricité, les calamités naturelles, les épizooties et épiphyties ont toujours un impact fort sur la production agricole et la vie des habitants.
Face à cette situation, le gouvernement a demandé aux ministères, services et localités de prendre, d’ici la fin de l’année, 11 mesures principales, la priorité étant donnée à la maîtrise de l’inflation.
Minh Quang/CVN
(01/10/2010)

Electricité en Afrique de l’Ouest : la crise perdure, forte hausse de la demande dans dix ans



Ouestafnews – L’ensemble de l’Afrique de l’Ouest va connaître une importante hausse de la demande en électricité d’ici 10 ans, a affirmé un haut responsable de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao, 15 pays), alors que la demande actuelle dans ce domaine reste largement insatisfaite dans les différents pays de la sous-région.


La « demande va atteindre en 2020 un taux record de 22.000 mégawatts (MW) alors qu’elle s’élevait à 6.500 MW en 2003 », a laissé entendre James Victor Gbeho, président de la Commission lors d’un Forum des affaires qui se tient à Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoiren, pays également touché par la crise énergétique. 

« Cette augmentation fulgurante de la demande implique la responsabilité des gouvernements mais aussi celle du secteur privé qui doivent mettre en place des projets ambitieux et innovants », a souhaité le patron de l’organisation sous-régionale à l’ouverture du Forum. 

Selon Victor Gbeho, cette montée de la demande due à « l’industrialisation et à la croissance démographique », ne doit pas occulter le problème de l’accès insuffisant et inégal des populations à l’électricité. 

« Seuls 30 % de la population de la région ont accès direct à l’électricité avec de fortes disparités entre les zones urbaines et les zones rurales, la grande majorité utilisant toujours la biomasse comme source d’énergie », a-t-il révélé selon le texte parvenu à Ouestafnews. 

Une crise énergétique aigüe persiste dans la quasi-totalité de la sous région, malgré beaucoup d’annonces de la part des organisations sous régionales, dont la Cedeao, qui promettent depuis des années de nouvelles « initiatives » pour mettre fin au déficit en énergie électrique, mais apparemment sans succès. 

Parmi ces initiatives figurent la mise en place d’une Autorité régionale de régulation de l’électricité (basée a Accra au Ghana), d’un centre des énergies renouvelables à Praia au Cap-Vert et du Pool ouest africain de l’énergie. 

Au niveau de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa, huit pays), existe également un projet appelé « Initiative régionale de développement de l’énergie » (Ired). 

En dépit de toutes ces initiatives et de toutes ces structures, la question de la distribution de l’énergie électrique en quantité suffisante reste un casse-tête pour l’ensemble de la sous-région. 

Des pays, comme la Côte d’Ivoire, qui jusqu’à une période récente semblaient épargnés, sont aujourd’hui touché par la crise énergétique, alors que dans des pays comme le Sénégal, les foyers sont presque tous retournés à la « bougie » et les entreprises publiques ou privées ne tournent à plein régime que si elles disposent d’un groupe électrogène. 

Des situations que des nations comme le Nigeria (pourtant gros producteur de pétrole), ou la Guinée Bissau dont l’économie est paralysée depuis plus d’une décennie, connaissent depuis des années. 
En mars 2010, le Commissaire de l’Uemao chargé du département du Développement de l’entreprise des télécommunications et de l’énergie, Guy Amédée Adjonohoun, avait particulièrement mis en cause la facture pétrolière de l’Union qui est « passée de 639 milliards de F CFA en 2003 à plus de 1300 milliards en 2006, soit un accroissement de 42% par an ». 

Mais pour les observateurs et les associations consuméristes, la facture pétrolière n’explique pas tout et l’on dénonce la gouvernance des sociétés de distribution d’énergie électrique qui relèvent pour la plupart du secteur public. 

Cette situation critique du secteur de l’électricité est partout marquée par des délestages récurrents et pose de sérieux handicaps aux populations dont les activités économiques se trouvent bloquées, causant parfois de vives tensions sociales. 

Au Sénégal par exemple, les populations ont renoué depuis quelques jours avec les « émeutes de l’électricité », pour manifester leur mécontentement. 

Sénégal | Emeutes de l’électricité : La situation devient explosive

01/10/10




Les émeutes de l’électricité continuent dans la capitale du pays, Dakar. A Scat Urbam, des milliers de jeunes sont sortis dans la soirée du jeudi pour manifester leur colère. "Nous avons marre de ce régime. On en a marre de ces gens", a indiqué un manifestant interrogé par la radio Sud Fm. "C’est la seule solution que nous avons pour régler les problèmes, allumer les pneus", a dit la même source., "Ces gens-là, nous snobent, ils sont bien installés dans leurs bureaux avec leurs climatiseurs et nous narguent", précise la même source.
A Thiès également des manifestants nocturnes ont été notés. Au quartier Ndamatou de Touba, des centaines de jeunes ont voulu assiéger le siège de la Sénélec, mais face à la détermination des forces de l’ordre, ils ont rebroussé chemin.
Pour revenir à la situation à Dakar : quatre bus Dakar Dem Dikk ont été saccagés au point que les syndicats de la maison demandent l’arrêt des bus pour montrer également leur mécontentement face à cette situation.
Source : Politicosn

Les manifestations qui comptent


Peu importe le nombre de manifestants entre République et Bastille. Il faut regarder ce qui se passe dans les rues de Jakarta et Dhaka.
02/10/10




Un ou trois millions de manifestants contre la réforme des retraites? Combien pour celles du 1er et du 12 octobre? Dans notre théâtre national, le nombre compte, politiquement. Il reflète le climat délétèreet, par effet retour, ne l'arrange pas. Economiquement, les manifs ne comptent guère. Allonger la durée du travail est inéluctable. Et «l'autre réforme» vantée par le Parti socialiste ne changerait en réalité que la présentation. 



Les manifestations qui comptent vraiment pour déterminer notre futur niveau de vie, à nous Français, ont lieu au Bangladesh, où les ouvriers de certaines firmes textiles ont obtenu une hausse de 80% de leurs salaires cet été, après protestations contre des hausses des prix des denrées, du fioul, de la santé.

Presque tous les autres pays d'Asie connaissent des revendications similaires. Le Vietnam a connu 200 manifestations l'an passé à cause d'une inflation supérieure à 20%. En Indonésie, les défilés se sont multipliés, réunissant par exemple à Bandung jusqu'à 40.000 personnes contre les prix de l'électricité. Les ouvriers ont obtenu des relèvements des salaires minimaux régionaux, un gain de 10%, à 100 dollars par mois, à Jakarta la capitale. En Inde aussi, des mouvements contre les hausses de prix ont touché les usines de Nokia, Bosch, Hyundai, Volvo. La Chine est concernée. Les informations sur des manifs, des pénuries de main-d'oeuvre, des hausses de salaire ont abondé tout l'été. Des nouvelles lois du travail ont été mises en place, les minima ont été relevés de 30% dans certaines villes.
Ces conflits conduisent à de meilleurs salaires et de plus hauts niveaux de vie dans les pays émergents. Ils sont essentiels pour les ouvriers bengalis et indiens, en premier chef. Mais pour ceux de Paris aussi, qui devraient encourager leurs camarades émergents. Leurs intérêts sont les mêmes. Plus le rattrapage de l'Asie sera rapide, plus vite les salaires s'égaliseront, plus vite cessera la concurrence par les coûts et plus vite le rapport de forces salaire-profit pourra s'équilibrer de nouveau, cette fois à l'échelle de la planète entière. La pression sur les coûts salariaux en Occident ne cessera que lorsque l'Asie «en rattrapage» aura cessé de l'exercer.




La guerre des coûts

Quand cela arrivera-t-il? Réponse difficile. Il aura fallu quarante ans au Japon. Le niveau de vie des Japonais, moitié moindre de celui des Américains au sortir de la guerre, l'a «rattrapé» vers 1990, avant que les Etats-Unis ne reprennent de la distance. La Corée du Sud est partie de plus loin: 10% du niveau de vie américain après-guerre, 65% aujourd'hui. Cela suffit pour que l'on ne classe plus la Corée parmi les pays «à bas coûts de main-d'oeuvre». La Chine a entamé son rattrapage en 1978, à la suite des réformes de Deng Xiaoping. L'empire partait de très bas: moins de 5% du niveau américain. Trente ans plus tard, il est encore à moins de 25%. Combien de temps faudra-t-il encore?
Un premier examen du marché de l'emploi chinois ne porte pas à l'euphorie. Le salaire moyen d'un paysan qui migre de la campagne pour les villes en émergence est encore de 1.500 dollars par an, dix fois moins que dans l'Hexagone, selon Fan Gang de l'université de Pékin. Or l'agriculture, où les salaires sont moitié moindres, représente encore 30% de la main-d'oeuvre. En clair, «l'armée de réserve» est encore vaste: au moins 150 millions de personnes! Il faudra créer 8 millions d'emplois par an pendant vingt ans pour les absorber. C'est beaucoup et quoi qu'il arrive, durant ce temps, la Chine va subir une pression interne sur ses salaires. Depuis quinze ans, leur hausse a d'ailleurs été limitée à 4-6% par an, deux fois moins rapide que le PIB. Du coup, la part des salaires dans la richesse nationale a décliné et la consommation aussi. La Chine ne croît que grâce à ses investissements dans des usines faites pour l'export. On peut en conclure que la guerre mondiale des coûts ne va pas se finir demain.
Pourtant, on peut espérer que le rythme du rattrapage s'accélère. Du fait des manifs, d'abord. Ensuite, parce que la Chine a compris que les débouchés américains et européens s'assèchent. La consommation intérieure doit prendre le relais. Cela impose une revalorisation des feuilles de paie. Les manifs de cet été ont été soutenues par le pouvoir central en quête d'un nouveau modèle de croissance. Dès lors, le rattrapage pourrait s'achever dans, disons, vingt ans. C'est long? Oui et non. Les enfants qui naissent aujourd'hui ne connaîtront pas la concurrence chinoise par les coûts. Les manifestations, là-bas, auront payé.
Eric Le Boucher
Chronique également parue dans Les Echos